le Journal de Simon en Equateur
¡Hola!
Troisième étape un peu plus au sud pour vous après la Floride et le Québec : l’Equateur. Moi c’est Simon, étudiant à Rennes et accessoirement coureur de 400mH dans le département. Maintenant que les présentations sont faites, je vais vous raconter (si ça vous intéresse) le pourquoi du comment de mon départ !
Je vis depuis le 27 janvier en Equateur, plus précisément à Riobamba, une petite ville tranquille de la taille d’Angers située en plein milieu du pays à 2800m d’altitude. J’y resterai jusqu’à la fin du mois d’août et essaierai donc de vous faire découvrir ce pays pas immense mais qui a énormément de choses à révéler ! Je suis donc parti pour :
1- Passer l’hiver (et puis l’été aussi) au chaud.
2- Voir s’il suffit de s’entrainer en altitude pour devenir Gebreselassie (j’ai peu d’espoir là-dessus…)
3- Plus sérieusement, pour un stage de 6 mois dans le cadre de mes études.
J’ai en effet la chance d’être dans un cursus qui nous oblige à partir à l’étranger lors de notre 3ème année, en ayant le choix entre études ou stage. C’est ce dernier choix que j’ai fait, par envie de casser la routine des cours et d’appréhender un peu le monde professionnel qui m’attend dans déjà 2 ans si tout se passe bien. La recherche n’a pas été facile mais j’ai fini par tomber, par un heureux hasard, sur un projet assez original, risqué aussi mais qui devrait être très enrichissant. Je me suis donc lancé dedans et ai rejoint en Equateur un volontaire français afin de l’assister dans la réalisation de ce projet. L’objectif est donc de favoriser le développement de la communauté andine du Chimborazo (une communauté peuplée d’indigènes descendants de la civilisation Inca), vivant au pied du volcan éponyme, à travers l’établissement d’un centre touristique sportif / centre d’entrainement en altitude (du type centre de Font-Romeu) au sein de cette communauté. Cela peut paraître ambitieux au regard des faibles moyens dont nous disposons mais les intérêts autour de ce projet sont très forts dans le pays. Par ailleurs, si l’aspect sportif (athlé, rando, VTT) reste primordial nous ne souhaitons pas négliger les axes écologiques et communautaires : ce projet doit rester celui de la communauté qui doit à terme pouvoir gérer le centre elle-même et en bénéficier directement, tout en respectant l’environnement et en préservant sa culture et ses traditions. L’idée de ce projet vient tout juste de naître donc inutile de vous dire qu’il reste tout à faire et que cela ne sera très certainement pas abouti avant mon départ (avis aux personnes en recherche d’évasion et de changement !).
Ici tout est nouveau : la langue, le climat, l’altitude, les habitudes de vie, la façon de travailler, la manière de pratique l’athlétisme un peu aussi !
En ce qui concerne le pays, je suis déjà sous le charme : les habitants sont très chaleureux et accueillants (la famille dans laquelle je vis m’a presque déjà adopté je crois), le temps fait rêver (20° et du soleil la plupart du temps pour la saison des pluies), les quelques paysages que j’ai pu admirer sont tout simplement grandioses. Il faut savoir que ce pays est en gros composé de 4 parties distinctes : les îles Galapagos, la côte Pacifique, la Sierra (zone andine de montagne) et l’Oriente (partie amazonienne). Je ne suis pour le moment resté que dans la Sierra, j’ai donc hâte de découvrir le reste !!
Maintenant l’athlé (puisque c’est sûrement ce qui vous intéresse le plus) : les entrainements ont lieu sur le Estadio « Olimpico », premier du nom en Equateur mais qui n’en a que le nom. La piste est un peu vieillissante, les couloirs se décollent à certains endroits et l’accès au terrain en herbe est formellement interdit (le foot fait malheureusement des ravages partout dans le monde…). Je n’ai pas encore eu trop le temps de la fouler mais les premiers footings que j’ai faits ont été durs ! Après seulement 15 minutes de course, t’as l’impression d’avoir fini la pire séance d’aérobie de ta vie… Heureusement on s’habitue peu à peu à l’altitude, je sens qu’au bout de 3 semaines/1 mois ça devient quand même plus facile : cette sensation de progresser sans pourtant s’entrainer est magique !
Ici les méthodes d’entrainement sont un peu particulières. Il n’y a pas de club à proprement parler, seulement une fédération sportive régionale qui chapeaute l’ensemble des sports, dont l’athlé, et embauche des entraineurs pour prendre en charge les athlètes licenciés à la fédération. Le problème est que l’athlé est ici surtout un sport pratiqué à l’école et les attentes sont très fortes au moment des compétitions scolaires : l’objectif est de gagner des médailles très jeunes et ça s’arrête là. Les athlètes les plus vieux à Riobamba ont donc 17 ans*… Au-delà, hormis les tous meilleurs, ils arrêtent tous à cause des études supérieures. On inflige donc des charges d’entrainement assez énormes à des gamins qui ne prennent pas forcément de plaisir, dans le seul but de gagner une médaille à une compétition inter-collèges de la ville.
Pour ne rien arranger, les entraineurs embauchés par la fédération sont parfois aussi profs dans des collèges ce qui peut instaurer une concurrence un peu malsaine entre certains groupes de la fédération (les entraineurs favorisant parfois les élèves qu’ils peuvent avoir au collège). Cela dit, mon maitre de stage a également été embauché par la fédération régionale en tant que responsable technique de l’athlé au sein de la province du Chimborazo et essaie d’apporter une nouvelle approche, notamment dans l’entrainement des plus jeunes, à laquelle la majorité des responsables et entraineurs sont réceptifs. S’il manque toujours de matériel adapté, ou certaines compétences techniques, les mentalités sont en train de changer et une vision à plus long terme se développe aujourd’hui, ce qui est une bonne nouvelle à la vue du potentiel de certains enfants !
Voilà c’est tout (et c’est déjà pas mal) pour mon premier mois en Equateur, la suite dans le prochain épisode !
* Les études supérieures ne sont selon moi pas une bonne raison pour arrêter l’athlé ; regardez où ça peut mener !